Quand mon père me remit le manuscrit « MAXIME », je ne savais pas que je vivais nos derniers moments de jours heureux et de souvenirs partagés. Il avait travaillé toute sa vie à la recherche d’informations sur mon grand-père, le capitaine Roger Pierre MERCIER, militaire et résistant, qui fut assassiné au centre de mise à mort de HARTHEIM le 02 septembre 1944…Claude, mon père, avait 5 ans et ma tante Michèle 8 ans.

       

 

 

 

Ma famille ne m’avait jamais imposé ses tourments mais je ressentais le besoin de comprendre les absences de mon père, obsédé par le devoir de mémoire qu’il avait mené.

Je dois accompagner mes morts pour aimer les vivants. Je dois comprendre nos déracinements et nos traumatismes pour accepter mon héritage familial, pour accepter les décisions de mon grand-père ainsi que leurs répercussions sur nos vies.

 

En lisant le manuscrit « MAXIME », j’ai découvert les archives photographiques et les correspondances épistolaires patiemment collectées par ma famille qui jalonnent notre construction identitaire. Je découvre les membres de ma famille que je n’ai jamais connus, j’apprends à connaître ma tante, ma mère.

Je comprends les obsessions de mon père et de ma tante, enfants de la tourmente. Je saisis les silences de ma grand-mère.

Je ressens l'angoisse qui a rongé ma famille de ne rien savoir durant des années, l’angoisse en imaginant ce qui a pu être enduré par mon grand-père, seul dans les maquis, au cours des interrogatoires et des tortures, puis dans les camps. Je dois donc « invoquer » mes disparus, leur permettre symboliquement de se retrouver car seuls les souvenirs de moments heureux leur permirent de ne jamais abandonner le combat pour vivre sans la haine de l’autre, malgré les barbaries endurées.

 

Mon travail est un hommage à notre « part intacte d’humanité ».


 

 

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Créditsphotos©GillesMercierPhotographe